La pêche lagonaire

La pêche lagonaire peut être définie comme l’ensemble des activités touchant à l’exploitation des ressources biologiques naturelles existant dans les lagons, sur la pente externe des récifs ou sur le littoral des îles sans récif, jusqu’à une profondeur d’environ 100 mètres.

La carte professionnelle de pêcheur lagonaire

L’attribution d’une carte professionnelle de pêche lagonaire n’est pas une autorisation de pêche mais permet d’accéder aux dispositifs d’aide du Pays.

La Chambre de l’Agriculture et de la Pêche Lagonaire (CAPL) délivre une carte professionnelle à tous les professionnels, exploitants, groupements, sociétés d’exploitation exerçant une activité agricole, pastorale, forestière, aquacole ou de pêcheur lagonaire.

Ainsi, plusieurs types de cartes sont délivrés selon les domaines d’activités. Par exemple, un professionnel ayant une activité de pêche et agricole se verra octroyer une carte pluriactivités.

Les règles de son obtention ont varié dans le temps :

  • De 1999 à 2013 : carte gratuite et d’une validité de 5 ans ;
  • De 2014 à octobre 2017 : carte payante et d’une validité de 1 an ;
  • A partir d’octobre 2017 : carte payante et d’une validité de 2 ans.

En 2023, la CAPL a délivré 867 cartes de pêche professionnelles (31% pratiquant uniquement une activité de pêche). On comptait 2 056 pêcheurs lagonaires au total (carte CAPL valide), soit 823 de plus qu’en 2022. De nombreuses associations et coopératives localisées dans les différentes communes ; comprennent des pêcheurs lagonaires dans leurs rangs.

Tableau 1 – Délivrance de cartes CAPL de pêcheurs lagonaires

867  cartes de pêche professionnelles
2 056 pêcheurs lagonaires

La production commerciale

Bien que la disponibilité des statistiques des produits lagonaires soit très partielle, une étude récente réalisée en 2023 permet d’estimer la production globale polynésienne. Sur la base d’enquêtes de consommation de produits lagonaires, une nouvelle estimation d’environ 7 064 tonnes a été établie. Cette production serait répartie ainsi :

  • 5 750 tonnes de poissons récifo-lagonaire ;
  • 429 tonnes de petits pélagiques (ature, operu) ;
  • 105 tonnes de poissons de profondeur ;
  • 780 tonnes de coquillage et crustacés.

Une production écoulée localement

L’île de Tahiti, de loin la plus peuplée de Polynésie française, est également la plus grande pêcherie avec une production annuelle de l’ordre du millier de tonnes.

Toute sa production est absorbée pour satisfaire aux besoins vitaux des populations (pêche de subsistance), aux activités récréatives (pêche de plaisance) et aux activités commerciales (pêche professionnelle).

Cependant, cette production n’est pas suffisante et des produits sont importés de certains atolls comme les Tuamotu de l’Ouest, qui ont développé depuis plus de 40 ans une pêcherie commerciale vouée à l’export sur Tahiti.

7 064 tonnes

Le troca : année sans pêche ni exportation

Le marché international des coquilles de trocas connaît une baisse de demande, probablement en raison de l’élargissement des offres en produits nacriers. Cette tendance a entraîné une diminution progressive des exportations ces dernières années, jusqu’à l’absence totale de pêche et d’exportation de troca en 2023.

Figure 1 – Évolution des exportations de troca entre 2013 et 2023

La pêche d’holothuries (rori)

La pêche commerciale d’holothuries (rori), initiée en 2008, s’est considérablement développée pour atteindre en 2011 et 2012 des exportations record à hauteur de 125 tonnes.

En novembre 2012, la pêche a été réglementée afin de permettre la mise en place de mesures de gestion et de suivi nécessaires pour assurer la traçabilité des produits exploités, et la pêche commerciale a été suspendue.

Ainsi, la réglementation limite la pêche à certaines espèces, impose des tailles minimales par espèce, des quotas par espèce établis en nombre d’individus, la mise en place systématique de zones de réserve, l’obligation de prélever à la main, l’interdiction de pêche de nuit et, enfin, un système d’agrément des commerçants en holothuries. Un comité de gestion local est chargé de faire appliquer la réglementation sur place et d’assurer la traçabilité des produits, du pêcheur au commerçant.

La traçabilité des produits depuis la pêche jusqu’à l’exportation est facilitée grâce à la mise en place, par le Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (SPC de Nouméa), depuis début 2014, d’une base de données en ligne accessible par toutes les parties prenantes.

Forte diminution des captures depuis 2019

Cette diminution est due à l’inscription à l’Annexe II de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) des holothuries à mamelles (Holothuria fuscogilva et Holothuria whitmaei), espèces principalement ciblées par les pêcheurs en raison de leur valeur commerciale. Ces espèces ne peuvent actuellement plus être exportées en raison du fait que la Polynésie française n’a pas démontrer que l’exploitation commerciale de ces espèces ne nuit pas à leur survie.

La crise sanitaire de 2020 a également freiné l’exploitation des îles ouvertes à la pêche en raison de la réduction de la desserte maritime, qui n’a pas permis un approvisionnement en sel en temps voulu, élément indispensable pour la transformation des holothuries. En 2021, la pêche des holothuries a été autorisée sur six îles : Kaukura, Makemo, Marutea Nord, Nihiru, Raroia et Taenga, et limitée à deux espèces seulement : le marron de récif et le vermicelle.

En 2023, aucune demande d’ouverture de pêche pour les holothuries n’a été enregistrée. Seule une exportation d’individus pêchés en 2021 a été effectuée.

 

Figure 2 – Évolution des exportations de bêches de mer entre 2008 et 2023

Tableau 2 – Évolution de la pêche d’holothuries