Le jeudi 20 juillet à Vairao, 2000 poissons « Marava » de tailles différentes ont été relâchés, en présence du Ministre Tearii ALPHA et des divers partenaires du programme.
Le programme « Innovation et tradition appliquées à l’exploitation des ressources lagonaires » du projet INTEGRE (INitiative des Territoires pour la Gestion Régionale de l’Environnement) a démarré en mai 2015, pour une durée de 3 ans. La Direction des Ressources Marines et Minières (DRMM), la Coopérative des Aquaculteurs de Polynésie Française (CAPF), le Centre de Recherches Insulaires et Observatoires de l’Environnement (CRIOBE) et le Secrétariat général pour la Communauté du Pacifique (CPS) travaillent en coopération pour la réalisation de ce projet.
Dans ce contexte, la DRMM réalise des essais, dans son centre technique aquacole (VAIA) à Vairao, pour valider des méthodes d’élevage de poissons marins à faibles coûts via la technique dite du « mésocosme ». L’objectif est de proposer une nouvelle activité piscicole accessible et, à terme, de pouvoir réaliser des campagnes de réensemencement dans des zones protégées du lagon. Pour ce faire, l’espèce sélectionnée est le « Marava » ou poisson lapin (Siganus argenteus), un poisson herbivore à la chair appréciée localement, qui de plus, semble moins présents dans les lagons polynésiens qu’auparavant.
Les animaux relâchés ce jeudi sont tous issus des installations de production de VAIA et élevés en cages lagonaires par la DRMM.
Plusieurs semaines de réflexion et de discussion avec les différents acteurs du développement des ressources marines sur la presqu’île de Tahiti ont permis de cibler aujourd’hui une zone située près de la passe de Te Ava Iti à Vairao. Ce choix a tenu compte de critères écologiques (présence d’habitat favorable au Marava, isolement, garantir un bon suivi écologique), logistiques (surveillance, distance vis-à-vis du site de production) et sociaux (implication des communautés locales et possibilité de création de Zone de Pêche Règlementée). La zone sélectionnée mesure 14,2 hectares et sera temporairement affectée à la Direction des Ressources Marines et Minières. Une cage d’acclimatation sera installée sur site et les poissons y sont transférés 2 jours avant le relâché pour une meilleure adaptation aux nouvelles conditions environnementales.
Un pré-marquage non invasif, consistant à couper la partie supérieure de la nageoire caudale (queue), sera réalisé sur chaque individu. Cette partie de l’animal mettant environ un mois à repousser. Ce marquage permettra d’identifier les animaux les premiers jours post-relâchés et ainsi juger de l’efficacité de cette action. Ce suivi post-relâché sera effectué par le CRIOBE via une méthodologie spécifique au comptage de poissons en milieu lagonaire. Il est également prévu de juger de la pertinence de l’action un mois après le relâcher par la recapture de Marava sur et autour de la zone de relâcher. Pour ce faire, il est envisagé d’impliquer la communauté locale dans ce projet. En effet, les pêcheurs seront autorisés à chasser dans la zone de réensemencement un mois après le relâcher et ils devront alors ramener un morceau de la nageoire caudale de leurs prises afin d’identifier si le poisson est d’élevage ou s’il est sauvage.
Il s’agit du premier repeuplement de poissons d’aquaculture à l’échelle de la Polynésie française. Si les résultats sont satisfaisants (individus restant inféodés au milieu où ils ont été relâchés), il devrait être suivi d’autres campagnes de ce type dans des zones protégées (ZPR, AMP, Rahui, PGEM). Cette action s’inscrit dans la stratégie du pays en matière de gestion des ressources lagonaires.