LES BÉNITIERS : Gestion de la ressource

Le bénitier, une espèce protégée

Le bénitier est un bivalve très recherché par les aquariophiles. Les couleurs de son manteau déterminent sa valeur à l’étranger. Comme tous les bénitiers de par le monde, nos deux espèces de bénitiers, Tridacna maxima (espèce lagonaire largement majoritaire en Polynésie française) et Tridacna squamosa (espèce de pente externe, rare), très prisées, sont protégées par la convention internationale de Washington ou CITES (Convention on International Trade of Endangered Species of Wild Fauna and Flora).

A ce titre, la convention prévoit des mesures destinées à réguler la commercialisation sur le marché international des espèces de bénitier, notamment par l’instauration de permis d’exportation et d’importation basés sur le niveau d’exigence de préservation de la ressource. Dans le cas des bénitiers, étant listés à l’annexe II de la CITES, cela consiste à démontrer préalablement l’existence d’une gestion durable de la ressource exploitée.

Une gestion raisonnée pour une exploitation durable

Certains atolls polynésiens présentent une abondance exceptionnelle de bénitiers dans leur lagon avec des densités parmi les plus importantes au monde.

La pêche de bénitiers adultes, d’au moins 12 cm, reste la règle générale en Polynésie française (délibération 88-184/AT du 8 décembre 1988).

A cette mesure minimale de gestion des stocks de bénitiers sauvages, s’est adjointe en 2007 une nouvelle activité éco-responsable et réglementée (délibération n° 2007-98 APF du 3 décembre 2007) de collectage (ou captage) de naissain. A l’instar de ce qui se pratique en perliculture, la technique de collectage consiste à la mise en place de stations de collectage sur lesquelles sont disposés des collecteurs ou supports artificiels adaptés pour optimiser la fixation des larves de bénitier au moment de leur métamorphose, soit 9 à 10 jours après la ponte.

Ces « bénitiers de collectage » ne peuvent être détroqués, mis en élevage et commercialisés qu’à partir de 4 cm (arrêté n°9 CM du 8 janvier 2008 modifié) afin de limiter les pertes par mortalité naturelle de ces naissains et ainsi garantir une meilleure traçabilité de la ressource exploitée.

A ce jour, seuls les lagons de Tatakoto (2008) et de Reao (2010) sont ouverts à l’activité de collectage.

La démarche d’ouverture d’un lagon au collectage de bénitiers nécessite :

  • la présence d’agrégations de bénitiers vivants (ou morts) appelées « mapiko » (Tuamotu de l’est), pour assurer une plus forte probabilité de réussite du collectage de naissain de bénitiers,
  • la connaissance des stocks sauvages et exploités,
  • la volonté de la population et des autorités municipales de s’engager dans cette activité.

En effet, une telle filière nécessite une estimation du niveau d’exploitation durable de la ressource sauvage et un suivi des expéditions de bénitiers (vivants, chair) par les autorités municipales.

Le succès du développement des techniques aquacoles de collectage de naissain et la mise en place d’une gestion durable de la ressource naturelle, permettent d’une part, une exportation de bénitiers issus d’aquaculture durable et d’autre part, la possibilité d’exporter des bénitiers sauvages au travers d’une gestion raisonnée des stocks sauvages validée par l’autorité scientifique de la CITES.

Les mesures de gestion

Pour garantir une exploitation durable de cette ressource, plusieurs mesures de gestion ont été mises en œuvre :

  • Un nombre maximum de six collecteurs-éleveurs par atoll autorisé au collectage a été réglementé ;
  • Un dispositif de traçabilité des bénitiers a été mis en place via un carnet à souche et complété par un site Internet de saisie de données toujours en évolution avec l’appui de la Communauté du Pacifique (CPS) ; ce système est développé au départ de l’atoll jusqu’à l’exportation vers l’étranger ;
  • Des mesures de gestion durable de l’exploitation et donc des expéditions de bénitiers sauvages (chair et vivants) sont mises en place, selon les lagons, et en fonction de l’état de la ressource.

Par ailleurs, alors que la DRM veille à l’authenticité des informations et au suivi de la gestion de la ressource, l’État a mis en place en Polynésie française le système classique de gestion des autorisations CITES suivant :

  • Chaque exportation nécessite un permis CITES délivré par le Haut-commissaire de la République en Polynésie française et géré par la Délégation Territoriale à la Recherche et la Technologie (organe de gestion de la CITES en Polynésie française) ;
  • Pour l’instruction de ces autorisations, chaque demande de permis CITES est soumise à l’avis technique de la DRM et à celui de la Direction de l’Environnement (DIREN).

La DRM, qui gère la ressource en bénitiers, a en charge la conception, puis la mise en place et le suivi d’une stratégie de gestion durable de la ressource, mise à jour régulièrement et évoluant en fonction des aléas de cette ressource fragile mais particulièrement abondante dans certains atolls exploités.

Ce contexte d’exploitation et de gestion durable développé par la DRM avec ses partenaires (scientifiques, populations concernées, aquaculteurs-collecteurs, pêcheurs, autorités municipales concernées, autorités du Pays et de l’État concernées) a permis en décembre 2014, au groupe d’examen scientifique (SRG) de l’Union Européenne (UE) d’émettre un avis positif pour l’importation en Europe de bénitiers vivants sauvages polynésiens, seuls autorisés à l’importation dans les pays de l’UE avec les bénitiers sauvages en provenance d’Australie.

Enfin, après la mise en ligne du système de traçabilité, et après intégration des bénitiers issus d’écloserie dans la réglementation locale, l’objectif à terme de cette filière est de viser le marché international de la chair issue d’aquaculture, toujours dans le cadre d’une stratégie de gestion durable de la ressource, en conformité avec la CITES.

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