L’éclosion

de l’aquaculture polynésienne

L’aquaculture, kézaco ? C’est tout simplement l’élevage et la multiplication des animaux et des plantes aquatiques à des fins commerciales. En Polynésie française, l’aquaculture a débuté dans les années 1970 et son développement n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.

Cages d'aquaculture EVAAM Papeari

Cages d’aquaculture EVAAM Papeari

Chevrette, écloserie du CNEXO, 1984

Chevrette, écloserie du CNEXO, 1984

Cela fait déjà un demi-siècle que l’aquaculture a trempé un pied dans les eaux du fenua. Mais avant d’évoluer comme un poisson dans l’eau, il a fallu pas mal d’heures de navigation pour trouver son cap. L’aquaculture polynésienne, hors perliculture, a démarré par trois filières. L’ostréiculture aux îles Sous-le-Vent, avec les crustacés (chevrettes et crevettes) et la pisciculture de Chanos chanos à Rangiroa pour alimenter les bateaux de pêche en appâts vivants. Le Chanos chanos, c’est un poisson-lait.

Tout d’abord, sachez que l’ostréiculture a eu affaire à quelques ressacs. Malgré des résultats intéressants, elle a dû laisser sa place dans les années 1980 à la conchyliculture (moules, palourdes, burgaus), suite au parasitisme par le Polydora (petit vers marin). Faute notamment de production de naissains en quantité suffisante, la conchyliculture s’est orientée ensuite dans les années 2000 vers le bénitier. Aujourd’hui, c’est une filière durable et économiquement viable, mais qui nécessite encore un accompagnement. Bonne nouvelle pour l’ostréiculture, en 2019 la Direction des ressources marines (DRM), grâce aux avancées sur les traitements du petit vers Polydora, a relancé un programme d’ostréiculture de l’espèce locale (Saccostrea cucullata) avec l’Ifremer et le privé.

Pour ce qui est des crustacés, la chevrette indonésienne a été la star de cette filière même si la production n’a jamais dépassé les 20 tonnes/an. Il y a bien eu des essais de production de crabes dans les années 1980 mais sans développement. Finalement, c’est la pénéiculture, qui s’est développée. Suite à de nombreuses recherches, deux pénéides ou crustacés (Penaeus vannamei et Litopenaeus stylirostris) ont été retenus. Et c’est grâce à l’ouverture de l’écloserie de Vairao (EPV VAIA) en 2011 que cette filière s’est réellement développée. Elle atteint aujourd’hui presque 190 tonnes/an pour un marché local estimé à 500 tonnes.

Concernant la pisciculture, elle s’est d’abord consacrée à la collecte et l’élevage de pati (Chanos chanos). Mais le manque de moyens financiers et les problèmes climatiques sur Rangiroa ont scellé ce programme. Aujourd’hui, le Pati est envisagé en aquaponie. En 2000, une réflexion importante sur cette filière a validé des travaux de recherche uniquement sur des espèces locales. Une étude en 2006 a confirmé l’élevage du paraha peue (Platax orbicularis). Une production d’élevage en cages a été transférée au privé dès 2010 et ne cesse d’être optimisée. En 2021, plus de 15 tonnes de paraha peue ont été produites.

L’avenir de l’aquaculture polynésienne réside dans la pérennisation de trois filières (crevettes, paraha peue et bénitiers) et nécessite encore une assistance technique de la DRM. Mais elle doit aussi s’appuyer sur l’émergence des nouvelles filières (ostréiculture et holothuriculture). Enfin, les questions environnementales et d’optimisation des surfaces d’élevage disponibles font déjà partie de ses thématiques d’actions.

Petit lexique

  • Ostréiculture : élevage des huîtres.
  • Pisciculture : élevage des poissons.
  • Pénéiculture : élevage de la crevette.
  • Holothuriculture : élevage des holothuries, ou concombres de mer.
  • Aquaponie : système qui unit la culture de plante et l’élevage de poissons.
  • Conchyliculture : regroupe les différentes cultures des coquillages : huître, moule, palourde et coque.

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