La Direction des Ressources Marines (DRM) a sollicité un étudiant en maîtrise de gestion environnementale à l’université de Montréal (Canada), Monsieur Guillaume TIXIER, sur une période de six mois, afin de contribuer à la démarche de valorisation des produits récifo-lagonaires et aquacoles du Fenua. Dans une volonté de renforcer la durabilité alimentaire aux Tuamotu tout valorisant les produits de la mer, le programme PROTEGE (financé par le 11e FED) vient en soutien au territoire pour mener à bien ce projet.
Les travaux effectués ont été initiés par la nécessité d’une diversification de la filière des bénitiers (ou pahua) d’aquaculture destinés au marché international des aquariums, face à l’intensification des aléas climatiques et économiques.
C’est ainsi qu’à émergé le projet d’études d’un laboratoire de transformation de chair de bénitiers, intégrant d’autres ressources telles que le poisson et la pieuvre (fe’e), sur l’atoll de Reao. Cet atoll est en effet accompagné depuis une dizaine d’années par la DRM dans le cadre du développement de l’aquaculture des bénitiers, et est également le principal lagon exportateur de pieuvres et de bénitiers sauvages à destination de Tahiti.
Afin de permettre la création d’une valeur ajoutée à ces ressources récifo-lagonaires présentement vendues sous leur forme brute et à faible prix, la structure Food&CookLab basée à Moorea a été sollicitée pour développer des produits conditionnés prêts à l’emploi (pré-cuits, salés et/ou fumés), adaptés à une production standardisée avec des moyens restreints. Parallèlement, une collaboration a vu le jour avec les élèves de Terminale en Bac Pro Cuisine du Lycée Hôtelier de Tahiti, dans l’optique d’élaborer des recettes culinaires permettant de diversifier l’offre polynésienne existante, et de tester le potentiel gustatif du bénitier et de la pieuvre.
Accroitre l’activité économique des atolls les plus isolés
L’implantation d’un tel laboratoire de transformation, dont l’un des objectifs est d’accroître le rôle et l’activité économique des atolls les plus isolés, sans augmenter la pression de pêche exercée dans les lagons, doit répondre à une multitude de paramètres techniques. Pour cela, l’étudiant a défini les contours structurels de fonctionnement, la viabilité économique et les coûts d’investissement d’un tel projet. De même, un travail approfondi a été mené concernant les normes et les réglementations sanitaires applicables, conjugué à des prélèvements d’échantillons sur l’atoll de Reao, afin de clarifier des problématiques liées tant à l’utilisation d’eau de mer (à défaut d’eau potable), qu’à la Ciguatera (la gratte) ou qu’aux possibles bactéries pathogènes présentes dans les ressources récifo- lagonaires. Des enquêtes sociologiques de terrain ont également été menées auprès des acteurs concernés de l’atoll afin d’évaluer les motivations et les risques sous-jacents.
Au-delà de promouvoir et de démontrer le potentiel de valorisation des produits ciblés, c’est avant tout un travail de sensibilisation qui a été opéré, témoignant de la nécessité de ne plus “brader” les ressources du Fenua, et également un aperçu de la viabilité de tels projets à l’échelle du pays.