La pêche des holothuries (rori)

ATTENTION :

Depuis 2021, aucun quota de pêche n’a été accordé pour les holothuries à mamelles (rori titi) suite à leur inscription à l’annexe II de la CITES et pour les holothuries ananas en raison de problèmes liés à leur transformation.

Historique

Lors de vos promenades en bord de mer, ou nageant dans le lagon, vous avez sûrement déjà aperçu une holothurie ou rori.

La pêche commerciale d’holothuries (rori), initiée en 2008, s’est considérablement développée pour atteindre en 2011 et 2012 des exportations record à hauteur de 125 tonnes.

En novembre 2012, la pêche a été réglementée afin de permettre la mise en place des mesures de gestion et de suivi nécessaire pour assurer la traçabilité des produits exploités, et la pêche commerciale a été suspendue. (Arrêté n°573 CM du 25 avril 2013 modifié).

Afin de permettre une gestion durable de la ressource en holothuries, la réglementation limite la pêche à certaines espèces, impose des tailles minimales par espèce, des quotas par espèce établis en nombre d’individus, la mise en place systématique de zones de réserve, l’obligation de prélever à la main, l’interdiction de pêche de nuit et, enfin, un système d’agrément des commerçants en holothuries. Un comité de gestion local est chargé de faire appliquer la réglementation sur place et d’assurer la traçabilité des produits, du pêcheur au commerçant.

Enfin, la traçabilité des produits depuis la pêche jusqu’à l’exportation est facilitée désormais grâce à la mise en place, par le Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (SPC de Nouméa), depuis début 2014, d’une base de données en ligne accessible par toutes les parties prenantes.

L’holothurie « rori »

Espèces

Les holothuries sont formées d’une dizaine d’espèces dont quelques unes sont consommées crues, surtout aux Australes et concernent l’holothurie de brisants rori papa’o, l’holothurie à mamelles rori u, l’holothurie ananas rori euta et la petite holothurie noire rori toto.

Le marché asiatique s’intéresse plutôt aux holothuries séchées ou fumées (bêches-de-mer) dont l’espèce la plus cotée localement est le rori à mamelles.

L’holothurie partie de l’embranchement des échinodermes et de la famille des holothuridés.

Morphologie : Ils ont un corps mou, cylindrique, en forme de concombre et rampent sur le fond.

Taille : Elle va de 15 à 80 cm et de 1 à 15 centimètre de large selon les espèces.

Reproduction : Les holothuries sont en général soit mâles, soit femelles. Lors de la période de reproduction, à 18 mois environ, les holothuries se rassemblent et émettent leurs produits génitaux dans l’eau de mer. Le nombre d’œufs et de juvéniles incubés varie entre 2 et 70. A 2 semaines, la larve devient juvénile et ne mesure qu’un millimètre. Certaines espèces peuvent même se reproduire par scissiparité, c’est à dire que l’animal s’étire et se divise en deux.

Holothurie blanche à mamelles (Rori ù uouo)

Holothurie Léopard – (Rori ruahine)

Mode de vie

Habitat : On trouve certaines espèces dans les lagons peu profonds, sur le sable ou sur les platiers, alors que d’autres préfèrent les zones de déferlement ou les passes profondes.

Alimentation : Les rori sont essentiellement détritivores. Ils ingèrent de grandes quantités de sédiments, la plupart du temps en se déplaçant lentement. Ils se nourrissent des détritus, de microalgues et de bactéries contenues dans le sédiment. Quelques espèces filtrent les particules en suspension grâce à leurs tentacules buccaux.

Écologie : Le rôle des rori est très important car en recyclant les nutriments du sédiment, les rori participent activement à l’équilibre de l’écosystème du récif corallien.

Vocabulaire

Holothurie ou Concombre de mer : animal frais.
Bêche de mer : produit issu de la transformation du rori.
Trépang : autre appellation du produit sec obtenu après traitement.
Rori : nom tahitien

Les différentes espèces d’holothurie en Polynésie française

Sur la vingtaine d’espèces présentes dans nos îles, seules quelques unes sont consommées crues ou cuisinées, et 5 présentent un potentiel commercial.

Pêche vivrière

Elle est autorisée dès lors qu’elle respecte les tailles de capture et les périodes de pêche des espèces commerciales. Pour les autres espèces ne figurant pas ici, une taille minimale à l’état frais de 15 cm et séché de 10 cm doit être respectée.

 

Procédure d’ouverture d’un lagon à la pêche

Qui peut demander l’ouverture d’une pêche d’holothurie ?

Une demande doit se faire auprès de la DRM par un groupement de pêcheurs résidents dans la commune ou l’île concernée par la pêche des holothuries. Le groupement de pêcheurs désigne un président pour les représenter.

Comment procéder ?

La DRM informe le maire de la commune concernée de la mise en place prochaine d’un Comité de gestion pour la pêche des holothuries.

Le président du groupement de pêcheurs officialise la liste des membres du Comité de gestion après avis favorable du maire de l’île ou de la commune concernée et en informe la DRM.

Quelles sont les conditions ?

La demande sera soumise pour avis technique à la DRM.

La DRM effectuera une mission sur place pour évaluer et mettre au point un système apte à faire respecter les règles qui seront appliquées.

Un arrêté sera pris en Conseil des ministres pour ouvrir la pêche. Une Convention sera alors établie entre la DRM et le Comité de gestion de la commune ou de l’île concernée.

Cette Convention précisera la date d’ouverture des lagons avec :

  • 2 jours de formations sur site,
  • La durée de pêche,
  • Les espèces ciblées,
  • Les quotas de pêche par espèce,
  • Les zones de réserves
  • La période d’ouverture de la pêche
  • Les acheteurs d’holothuries (rori)
  • Le suivi obligatoire sur place (statistiques de pêche)
  • La liste des opérateurs :– Les pêcheurs– Les pêcheurs/transformateurs

    – Les transformateurs

  • Les produits :– Le rori frais– Le rori transformé (séché)

Technique de pêche

Récolte du rori

Le rori se déplace lentement et est inoffensif, il est donc ramassé à la main lors de marée basse ou sur la barrière du récif, ou en apnée dans les eaux plus profondes du lagon ou sur les pentes externes.

Conservation – Transformation en bêche de mer

  • Cuisson
  • Séchage
  • Préparation
  • Conditionnement

C’est une préparation simple mais délicate

Étape 1 : les cuire dans de l’eau de mer (dans des cuves) puis les sécher au soleil, ou dans un lieu chaud et aéré. Laisser reposer au moins 2 jours afin que l’eau s’évapore.

Étape 2 : les cuire à nouveau dans de l’eau douce ou de l’eau de mer selon les méthodes préconisées par les négociants. Le temps de cuisson peut varier suivant les tailles et les variétés de rori.

Le rori va perdre de 50 à 90 % de son poids après cuisson.

Étape 3 : le second séchage au soleil doit durer une quinzaine de jours. Retourner régulièrement les rori pendant cette période.

Voir le schéma sur le «Traitement des holothuries».

Ce qu’il faut retenir

Précautions pour la pêche

Pour obtenir un produit de qualité, le rori doit être traité dans de bonnes conditions entre la pêche et la transformation.

  • Respecter les périodes d’interdiction,
  • Ne pas pêcher entre 18 h et 6 h,
  • Ne ramasser que des rori adultes et aux tailles autorisées,
  • Laisser les petits pour qu’ils grandissent, respecter les zones de réserve choisies par les comités pour assurer le repeuplement du lagon.

Précautions après la pêche

  • Conserver les rori dans un milieu humide et à l’ombre,
  • Retirer le corail et le sable,
  • Rincer à l’eau de mer,
  • Éviter les chocs qui les abîment,
  • Les traiter le plus rapidement possible ou éventuellement, les saler abondamment s’ils sont traités plus tard, pour qu’ils ne pourrissent pas,
  • Manipuler avec précaution.

Comment reconnaître une bêche de mer de mauvaise qualité

  • Séchage insuffisant et risque de moisissure
  • Taille trop petite
  • Différentes tailles dans un lot
  • Aspect difforme
  • Forte odeur
  • Incision mal faite
  • Tégument endommagé
  • Éviscération incomplète
  • Temps de cuisson inadapté : trop cuite, l’holothurie se vide et son tégument devient mou.

Du négociant à l’exportateur

Le commerçant en rori doit être titulaire d’une carte en cours de validité pour pratiquer la pêche commerciale du rori.

Pour obtenir une carte, une demande d’agrément doit être faite auprès de la DRM.

Le titulaire de l’agrément est soumis à des obligations :

  • Participer à une sensibilisation à la réglementation et à la gestion des ressources naturelles en rori,
  • Fournir les informations sur la commercialisation, le nombre, le poids, le conditionnement, la provenance et les espèces de rori,
  • Être en règle vis à vis de la réglementation sanitaire en vigueur.

Commercialisation locale du rori : les statistiques mensuelles doivent être transmises à la DRM.

Bêche de mer à l’export

Exportation de rori : chaque opération d’exportation doit faire l’objet d’un visa préalable de la DRM.

Le prix dépend de :

  • L’espèce
  • La qualité
  • Le calibre

Sources :

  • Pacific Island sea cucumber and beche-de-mer identification cards, Marine Resources Division Information Section, SPC Noumea, 2004
  • Holothurie, bêche de mer, Direction du Développement Économique et de l’Environnement de la Province Nord, CPS Nouméa, 2003
  • Holothuries et bêches-de-mer dans le Pacifique tropical, CPS Nouméa, Manuel n°18, 1995
  • La pêche des holothuries (rori) en Polynésie française, Direction des ressources marines et minières, 2015

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