ZONE BIOMARINE DE FARATEA

La Polynésie française recherche des secteurs économiquement porteurs pour assurer un « développement durable ».

Du fait de sa situation géographique et socio-culturelle, l’économie bleue et en particulier l’aquaculture est un des secteurs sur lequel de nombreux espoirs ont toujours été portés.

L’aquaculture dans le monde et en Océanie

Si la pêche stagne voire diminue au niveau mondial, le secteur aquacole est l’activité primaire ayant la plus forte croissance dans le monde, en particulier en Asie-Pacifique hors îles du Pacifique où l’aquaculture est encore assez peu développée à part la perliculture polynésienne et la crevetticulture calédonienne. En Polynésie française, en dehors de la perliculture qui est la filière aquacole la plus développée dans les pays et territoires insulaires du Pacifique, le secteur aquacole reste encore limité. Il fait toutefois l’objet d’une nouvelle dynamique incarnée notamment par le pôle « recherche, développement et production de juvéniles » de Vairao composé du Centre Ifremer du Pacifique (CIP), et du Centre VAIA du Pays lui-même composé du Centre Technique Aquacole (CTA) de la DRM et des Écloseries de Production de Vairao (EPV) confiées actuellement en prestation à la Coopérative des Aquaculteurs de Polynésie française (CAPF).

De plus, la création de filières polynésiennes spécifiques est en bonne voie. Il s’agit entre autres de l’aquaculture compétitive et exportatrice de bénitiers issus de collectage de naissain dans les Tuamotu de l’est et tout récemment d’écloserie, mais aussi de la production innovante et en phase de démarrage de crevettes en cages lagonaires. Cependant, la production aquacole polynésienne ne représente qu’environ 150 tonnes de produits en 2019, surtout par manque de foncier. Aussi, le Gouvernement a souhaité mettre à disposition des porteurs de projet en aquaculture et en valorisation de produits marins, du foncier aménagé et mutualisé dans la « zone Biomarine de Faratea » située dans la commune de Taiarapu-Est.

Du foncier aménagé pour des projets aquacoles éco-responsables

Alors que le potentiel du marché local de produits de la mer est loin d’être satisfait par la production polynésienne, notamment en ce qui concerne les crustacés et les bivalves, le développement du secteur aquacole nécessite de la disponibilité foncière. Or, depuis 35 ans que le secteur aquacole polynésien existe, très peu de foncier a été destiné à l’aquaculture, mis à part les 2 hectares de bassins de la ferme de Opunohu, et plus de 5 hectares au centre VAIA de Vairao destiné au CTA et aux EPV. Aussi, dans le cadre de son plan d’actions économiques 2016 et en réponse à la demande de plusieurs producteurs et de porteurs de projet, le Gouvernement a prévu la création d’une « zone Biomarine » destinée à accueillir des projets de développement de l’aquaculture et des activités de valorisation des biotechnologies marines.

Cette zone « Biomarine » s’étend sur une emprise d’environ 35 hectares de terrains situés autour de la zone industrielle et du port de Faratea. Le projet consiste à mettre en place et organiser une zone destinée à des aménagements aquacoles et des activités associées ou complémentaires.

Une telle mise en place doit permettre grâce à l’investissement public du Pays de proposer aux utilisateurs de mutualiser le fonctionnement d’outils communs afin de bénéficier de conditions de qualité, de baisser certaines charges et d’optimiser les coûts à moyen et long terme. En outre, un tel lotissement va permettre de mieux gérer et contrôler les aspects environnementaux, et notamment de développer progressivement une économie circulaire à travers l’aquaculture multi trophique intégrée qui permet de viser des rejets de qualité, de valoriser les déchets et de diminuer l’empreinte carbone, notamment à travers l’intégration d’énergies renouvelables aux systèmes de production. Le regroupement d’entreprises de production et de valorisation va également faciliter la dynamique de développement et la synergie entre les entreprises au sein de la commune de Taiarapu-Est, qui est déjà le grenier agricole de Tahiti ; Tahiti Iti étant par ailleurs le foyer de développement et la zone de plus forte production aquacole polynésienne.

Un projet intégré à son environnement social

Le lotissement aménagera un sentier du littoral qui reliera la partie Ouest côté port de Faratea à la partie Est du lotissement par un chemin piétonnier. Le passage sera à des horaires de jour prédéfinis.  En face du sentier littoral éducatif, pourrait être envisagée une zone de pêche réglementée si les pêcheurs, les acteurs locaux ainsi que les autorités locales en émettent la volonté.

Un projet intégré à son environnement écologique

75 % de production électrique issue de l’exploitation des énergies renouvelables à échéance en 2030 est l’objectif que s’est fixé la Polynésie française dans son nouveau code de l’énergie de 2019. Ce lotissement se voulant innovant, il apparaît approprié d’inciter à l’autosuffisance énergétique, en alliant sur le même foncier, production primaire et production d’énergie. En effet, de nouveaux systèmes tels que des serres agricoles ou aquacoles recouvertes partiellement ou en totalité de panneaux photovoltaïques de dernières générations couplées à des batteries de stockage, fonctionnent à travers de monde. Elles peuvent même contribuer à la production d’électricité issue d’énergie renouvelable pour les zones alentours grâce à la valorisation des champs solaires ainsi disponibles. Une telle utilisation de l’énergie renouvelable devrait permettre de réduire directement ou indirectement les coûts de production et augmenter ainsi la compétitivité des entreprises.

Les enjeux et les objectifs de la zone Biomarine de Faratea

  • Développer un pôle Biomarine correspondant aux besoins du marché et au potentiel aquacole (local et export) pouvant être développé par des porteurs de projets qui ont été présélectionnés sur dossier ;
  • Créer 75 à 100 emplois directs (ce secteur produisant par ailleurs 2 à 3 emplois indirects pour un emploi direct) ;
  • Mutualiser des outils communs d’utilisation du site (captage d’eau de mer, réseaux, émissaires d’eaux usées prétraitées) ;
  • Faciliter l’export de produits aquacoles à travers cette zone pouvant permettre l’accueil de produits aquacoles des îles (exemple : bénitiers de collectage, poissons d’aquariophilie…) ;
  • Définir un tarif de location de l’espace équilibré permettant à l’activité aquacole de se développer de façon pérenne.
  • Développer une aquaculture durable respectueuse de l’environnement en visant progressivement une économie circulaire (production locale d’aliment aquacole, valorisation des déchets, production d’énergie renouvelable), notamment à travers une aquaculture multi trophique intégrée (AMTI) ;
  • Renforcer l’identité rurale de la commune de Taiarapu-Est (grenier agricole de Tahiti) par la présence de productions primaires sur le lotissement et la nécessité d’absence de pollution industrielle (type aérosols) ;
  • Créer une émulation, un partage de savoir-faire et de techniques et permettre de faire émerger de nouveaux projets (holothuries, bivalves, macroalgues, serres photovoltaïques…) ;
  • Faciliter la production durable de produits locaux sains (exempts de tous produits médicamenteux, c’est aussi l’engagement des porteurs de projet) et obtenus de façon éco-responsable (notamment en préservant l’environnement) ;
  • Développer des visites de sites aquacoles à but pédagogique, ludique et touristique.

Maîtriser les risques, notamment en matière sanitaire et environnementale :

  • Ne pas introduire d’espèces exogènes ni d’espèces invasives (non-agression vis-à-vis de la faune polynésienne, protection vis-à-vis de la venue de pathogènes extérieurs) ;
  • Respecter la réglementation des installations classées pour l’Environnement (ICPE) ;
  • Respecter à minima des seuils internationaux de paramètres de rejets essentiel (matières en suspension, rejets azotés et phosphorés) sur la base de l’engagement des porteurs de projets.

À la suite de plusieurs appels à projets et sélections de dossiers techniques, et après de multiples rencontres et échanges avec les investisseurs qui ont fourni leurs études de faisabilité technique et économique, ce sont actuellement six projets retenus soit :

  • 2 projets de production aquacole de crevettes,
  • 1 projet de bénitiers et de produits de pêche et d’aquaculture pour le marché export de l’aquariophilie,
  • 2 projets de diversification aquacole (un projet d’aquaponie et un d’holothurie), et
  • 1 projet comprenant la production d’aliment animal et aquacole à base de larves d’insectes.

S’il reste quelques espaces disponibles dans la zone Biomarine, les projets précités vont également pouvoir être complétés par des activités permettant bioremédiation, valorisation des déchets, pour une économie aquacole rentable, éco-responsable et circulaire.

D’autre part, cette zone Biomarine de Faratea va créer un dynamisme et une synergie économique en lien avec les autres sites et activités liées à l’aquaculture et à la pêche :

  • Les écloseries de production de juvéniles de VAIA (EPV) à Vairao qui vont produire pour les fermes de la zone Biomarine et autres fermes privées de la Polynésie française ;
  • Les productions aquacoles de bénitiers et autres produits des îles qui approvisionnent les fermes d’exportation de la zone Biomarine pour le marché de l’aquariophilie ;
  • La production d’holothuries dans les îles à partir de future(s) écloserie(s) de la zone Biomarine ;
  • De futures fermes de cages aquacoles lagonaires qui pourraient se développer à Afaahiti-Pueu et dont les bases logistiques pourraient être situées sur le port de la zone Biomarine de Faratea ;
  • Les activités de pêche, de tourisme et de commerce qui pourront se développer dans la zone de Faratea et aux alentours.

Un projet initié par la DRM et en collaboration avec de nombreux partenaires

Le commanditaire qui décide des orientations et des actions à réaliser est le Gouvernement de la Polynésie française à travers la Vice-présidence et le Ministère de l’économie et des finances en charge des grands travaux et de l’économie bleue, Ministère de tutelle de la DRM.

En effet, à l’initiative du projet, la Vice-Présidence le conduit à travers la DRM qui est maître d’ouvrage du projet. De ce fait, la DRM est liée à divers partenaires institutionnels dans le cadre de l’aménagement et du développement du projet, outre la participation des acteurs locaux qui seront associés à l’Etude d’Impact sur l’Environnement (EIE). En premier lieu, Grands Projets de Polynésie française (G2P) qui est maître d’ouvrage délégué du projet. Il y a également la Direction des Affaires Foncières (DAF), la Direction de la Biosécurité (DBS), la Direction de l’Environnement (DIREN), le Service de l’Urbanisme (SAU), le Centre d’Hygiène et de Salubrité Publique (CHSP), la Mairie de Taiarapu-Est, le Pôle Mer Méditerranée et l’IFREMER, la Direction de l’Equipement et la Délégation Polynésienne aux Investissements.

Alors que le Gouvernement souhaite faire de ce projet une vitrine des technologies polynésiennes en matière d’économie bleue en lien avec une aquaculture durable, le projet a été labellisé en 2018 par le pôle de compétitivité Mer Méditerranée.

La gestion des structures communes de la zone Biomarine sera confiée à une structure privée qui devra veiller au suivi et au respect des consignes des Installations Classées Pour l’Environnement (ICPE) de la zone Biomarine et de chaque locataire de la zone Biomarine et appliquer les règles de fonctionnement du lotissement conformément au règlement intérieur et au cahier des charges intégrant les normes d’urbanisme et les conditions de gestion des biens communs. Cette structure privée qui veillera à l’entretien des installations communes, le fera sans subvention, sur la base des charges que chacun des locataires paiera au prorata de la superficie occupée, voire du volume de pompage d’eau de mer pour ce qui concerne les travaux relatifs à l’entretien du captage et des réseaux d’eau de mer. Le Pays, via la DRM, aura essentiellement les gros travaux de réparation à payer en tant que propriétaire de la zone Biomarine.

Chronologie et planning du projet

La première étude

Les premières études ont été menées par un cabinet spécialisé en aquaculture Aqualog, à la fin desquelles 7 projets ont été retenus avec une première version du lotissement aquacole.

Début 2019

  • Passage d’une convention de maîtrise d’ouvrage déléguée

Une convention de maîtrise d’ouvrage déléguée a été passée avec Grands Projets de Polynésie (anciennement Tahiti Nui Aménagement et Développement) pour assister la Direction des Ressources marines.

Mi-2019

  • Sélection de la maîtrise d’œuvre

La maîtrise d’œuvre a été sélectionnée, il s’agit du groupement LUSEO Pacifique. Il a la charge de la conception technique et de l’évaluation financière du projet, ainsi que de l’organisation et du suivi des travaux du projet aussi bien au niveau maritime que terrestre.

  • La phase d’avant projet sommaire (APS)

La phase d’APS vient d’être validée en mars 2020. Durant la phase APS, en se basant sur les besoins en eau de mer journaliers du site, la proposition technique avec deux points d’aspiration a été retenue afin d’alimenter le lotissement en 2 points : EST et OUEST.

  • La phase d’avant-projet détaillé (APD)

La phase d’APD permettra de fournir, en fonction des options techniques retenues par le lotisseur et les professionnels, précisément, les surfaces, plans, coupes… et d’arrêter définitivement le programme du projet.

  • Démarrage des travaux du lotissement
  • Livraison des aménagements communs
  • Démarrage des travaux par les usagers

Les usagers pourront alors commencer leurs travaux sur leur propre lot.

  • Démarrage des premières productions

Les premières activités pourront débuter avant une montée en puissance en 2024 et 2025.

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